[Isurion] Le Coeur de l'Ange Sombre

L'astre solaire doucement se couche à l'horizon, couvrant de mille couleurs le ciel et son paisible reflet, Mirène, comme chaque jour depuis la nuit des temps dans un cycle sans fin. C'est en cet instant que le monde était véritablement beau, qu'il dévoilait ses plus beaux trésors, sa plus belle création. Bientôt, au travers du ciel encore parsemé de ces nuages, Ténèbres et Lumières gratifieraient des spectateurs attentif la plus bel oeuvre né de leur entente... Bientôt dans les ténèbres célestes s'illumineraient une infinité d'étoiles lumineuse... Le précieux et intemporel cadeau des deux êtres originels à leur descendance.
Depuis plusieurs heures, perché sur le toit d'une haute maison des bas-quartiers, observant ce spectacle sans pareil, sans égal en ce monde, sans la moindre lassitude se tenait Isurion. Comme autrefois pour l'ange, il profitait des écûmes douces et salés qu'apportaient les souffles glacés de Mirène, de son chant au combien apaisant, le choeur des vagues s'écrasant sur les récifs... Ce cycle était une histoire, celle d'une guerre qui durait depuis des millénaires, depuis qu'il existait une terre et une mer et qui ne cesserait jamais.
C'est dans ces instants qu'il trouvait la sérénité, une paix si grande que les notions d'espace et de temps devenaient superflues, il n'existait rien d'autre que le moment, et lui, petit être, trouvait malgré tout une place dans l'intensité du firmament... Il était les sens et l'esprit donnant son importance à cette merveilleuse création. Un temps, une pensée vint parasiter sa tranquillité... Combien d'êtres pouvaient, savaient apprécier ce moment comme il le faisait ? Cette ville était une fourmillière dont les hommes s'affairaient à leur propre occupation sans vraiment faire attention à ce qui se passait autour...
Il revint au présent, et cela lui remémora des souvenirs qui n'était pas les siens. C'était lointain, mais quand la fleur de raison s'était fânée, s'était dans cet instant intense que l'ange avait pensé à sa défunte compagne... Parce que la beauté magique de cette vision était certes grande, mais que son absence la rendait creuse, comme une jolie toile dont l'esprit, l'émotion et la profondeur aurait été retiré, ne demeurant que le ballet des couleurs. Et ce souvenir l'amena à sa propre pensée, à sa propre compagne.
Elle n'était pas morte, non, mais elle n'était pas là et cet instant devint soudain bien morne, vide.

Te souviens tu, mon prince, de tes premiers jours ? Tu usais de tes jeux, elle des siens, chacuns testant l'autre, mais dans ces parties, tu étais toujours le plus malsain, le plus mauvais car rien n'avait d'emprise sur toi. Tout tournait autour de ce carnet, de ce code qu'elle cherchait à comprendre et à la fin, tu l'as duppé, noyant les écrits, t'attirant son courroux. C'est à ce moment là que tu as crains, pour la première fois de la perdre, prenant peur qu'elle ne t'évite, ne te méprise alors tu as agis de manière bien étrange, devenant son serviteur d'un soir pour te faire pardonner.
Que ne fut pas ta surprise quand elle te considéra comme on ne l'avait jamais fait, en être vivant, non comme cet outil, ce chaotique instrument de destruction. Pour la première fois, face à une personne, tu enlevais ce masque, tu devenais quelqu'un et non plus quelques chose. Tu as adoré cette soirée, respirant la vie, t'y abreuvant goulument. Les jours passaient, et chaque fois que tu la voyais, le Masque se montrait mesquin, suffisamment pour nuir à votre histoire, et chaque jour tu l'enlevais, redevenant le vivant avec qui elle pouvait discuter... Tu as apprit à la connaître, à aimer ce qu'elle te montrait, à aimer ce qu'elle t'offrait.
Un soir, tout a été si vite, tu t'es déclaré, tu l'as embrassé et as détruit ce qui provoquait les conflits, tu as tué le Prince Noir.
Cette nuit, tu t'en souviendras toujours, ta première avec elle, le chamboulement d'une vie, d'une routine inhumaine, mécanique.

Tu l'aime tant, mon sombre ami, tant et si bien que tu as renoncé à tout, à ce chaos qui te permettait d'agir sur le monde, à cet immortalité qui rendait le temps si misérable... Elle t'a offert un goût pour la vie et aujourd'hui, tu ne cesse plus de la croquer à pleines dents. Elle est si belle, si douce mais redoutable, intelligente et t'égale sans doute dans ce domaine. Elle est forte, à sa façon, dans ce caractère que tu adore... Loin d'être soumise, loin d'être faible et inoffensive, toujours cherchant à prendre l'ascendant, ne cédant jamais très facilement. Tu ne pouvais rêver mieux que cette femme que tu trouve presque parfaite, mais même ses défauts, tu les aime car ils n'entâchent pas sa beauté et ne te rendent pas si petit. Ce double visage te convient, et tu l'adopte... Cette complicité profonde quand vous décidez d'agir, combinant à merveilles vos qualités... Agir en solitaire parait si idiot quand on a partagé avec elle un de ces instants, n'est ce pas ? Et il y a cette douceur, cette tendresse qui t'est exclusive, totalement reservée quand vous êtes tout les deux.
Elle a tant agit sur toi, mon prince, jamais en mal. Aujourd'hui tu les comprends mieux... D'abord ton hôte et le sacrifice de la facilité par amour... Le Chaos est vain face à ce sentiment, ce désir de la protéger, de la revoir, de la tenir contre toi... Le Chaos est froid et dur face à tant de douceur et de chaleur. Tu comprends à présent cette force qu'il parvenait à déployer, cette force inconnue des démons dont usait l'ange dans son combat. Elle est ta raison d'être, ta force et tout ce qu'il te suffit pour braver les dangers croisant tes chemins, et les siens.

Protège la, couvre la de tes ailes invisibles, toi qui porte le coeur d'un ange sombre, car c'est elle qui le fait battre.
Ne cesse jamais de lui dire ces mots, de lui montrer que chaque jour tu les ressens, que chacune de tes pensées en sont l'échos.

Je t'aime.

» [Isurion/Prince Noir] Sombre Retour.
» [BackGround] Isurion.