Mon coeur commence à s'affoler, j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine, c'est assez gênant comme situation, surtout que la femme qui me fait face n'est autre que ma mère!
"Tu te rends compte! Il y a de plus en plus de meurtres dans la région, c'est inquiétant, le pire dans tout ça, c'est que ça touche tout le monde, les riches, les pauvres, vieillards, enfants et de toutes les races."
Je respire un grand coup avant de lui répondre.
"Oui, fais bien attention, ferme ta porte à clef la nuit comme le jour, et aussi tes volets, on ne sait jamais! Bon Maman excuse moi mais il est l'heure que je rentre, il va bientôt faire nuit noire."
Je file vite dans le couloir pour attraper ma cape mais ma mère est déjà la à m'étreindre pour me dire au revoir. J'essaye de reculer pour ne pas qu'elle sente mon cœur qui bat à tout rompre, mais elle à de la force, le problème c'est que cela devient vraiment urgent!
"Maman je t'en prie je ne part pas pour deux semaines" lui dit je en essayant d'esquisser un petit sourire, mais je n'ai qu'une envie, partir loin , me cacher du regard des gens, fuir cette maison, cette rue emplie d'odeurs humaines.
Une fois dehors je lui fais un petit signe et me dirige vers l'écurie, mon cheval est encore sellé puisque je croyais que j'allais rester juste quelques minutes, mais j'aurais du m'en douter, ma mère est une vraie pipelette!
Je le sent tressaillir à mon approche, l'étalon se met alors à tirer au renard sur sa longe de cuir. Ce n'est pas possible! Je n'ai vraiment pas de chance aujourd'hui!
L'attrapant de force je monte alors sur le dos de l'animal aussi furieux qu'apeuré. À part lui flatter l'encolure et lui parler d'une voix douce je ne peux rien faire d'autre. Au bout de quelques minutes il se calme enfin… Mais moi je suis tout sauf calme! Non seulement mon cœur bat comme un forcené mais mon corps est en train de s'engourdir douloureusement.
Par chance ma mère habite les alentours de Proncilia, elle est proche de la forêt des ombres, je serais donc bien vite à l'abris des regards! Je lance mon cheval au trot dans la petite ruelle pavé, elle à l'air plutôt calme, c'est à mon avantage.
Soudain, arrivée au bout de la rue, ma satanée monture se cabre et je me sent tomber sur les pavés, une douleur aigue me transperce le dos, s'en est trop! J'ouvre les yeux et vois mon cheval qui s'enfuit au triple galop vers la forêt. Le maudissant intérieurement je me relève et tente tant bien que mal de maîtriser ce malaise qui me ronge.
Maintenant, j'ai l'impression que ma tête va éclater, il est trop tard, je sent que le stade finale de la malédiction opère en moi, une jeune femme alertée par tout le boucan que le cheval à fait accoure dans la rue et s'approche de moi.
Me tenant la tête d'une main je lui fais signe de ne pas m'approcher, je veux lui dire que tout va bien mais c'est un gargouillis ignoble qui sort de ma gorge. Je la vois stopper net, je perçois ses sentiments, j'entend son cœur battre, cette femme à l'odeur de la peur, elle est jeune, elle est fraîche, plus elle à peur, plus elle transpire! Mon Dieu que j'aime cette odeur! Elle m'affame!
Ne me maîtrisant plus, sentant mon corps se transformer en cette bête ignoble que je devient toutes les nuits, je me sent me jeter sur elle et l'emporter au loin dans cette forêt sombre.
Elle se débat dans mes bras qui l'entourent, mes os craquent sous l'effet de la transformation et du sens de mes articulations qui s'inversent.
Cette humaine sent vraiment très bon, j'ai trop faim, je ne tiens plus, je la relâche et d'un geste rapide l'attrape à la gorge, je sent ma mâchoire se resserrer sur sa chair qui éclate sous la pression, elle étouffe, je la sent agoniser, elle ne peut pas hurler, du sang rempli sa gorge.
Une joie sans fin étreint alors mon cœur, qu'y a-t-il de plus bon que de se nourrir pour survivre?
Personne ne m'a suivit, les humains mettront quelques heures avant de se rendre compte de ce qu'il vient de se passer. Tant mieux, ça me laisse le temps de fuir. Mais je crois que je viens de faire une erreur, les humains vont découvrir qu'une bête est là, cachée et qui attend la moindre opportunité pour les dévorer…